Pourquoi j'ai quitté WhatsApp.

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Cet article a été initialement publié en 2021 sur le site de mon entreprise Aynils. Je l'ai déplacé car ça fait plus de sens de m'exprimer en mon nom propre ici.

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Aujourd'hui, j'ai appris qu'une mise à jour des conditions d'utilisation de WhatsApp provoquait la colère des utilisateurs et utilisatrices. WhatsApp pourrait à présent accéder au contenu de nos conversations pour les lire, les analyser et vendre nos précieuses données aux entreprises partenaires de Facebook.

Depuis l'annonce discrète de la mise à jour de cette politique de confidentialité, sous la forme d'une notification, des millions d'utilisateurs et utilisatrices auraient déjà quitté la plateforme. Deux services concurrents, Signal et Telegram profitent de la perte de WhatsApp pour enregistrer un nombre d'inscriptions record.

Mais qu'en est-il réellement?

Facebook a-t-il finalement décidé de remettre en question le chiffrage des conversations de bout en bout qui garanti la confidentialité des conversations? Cette question est cruciale, car en plus de l'aspect éthique de la vente des données personnelles à des entreprises, cela pose un risque important d'accès aux conversations privées par les gouvernements. Si Facebook peut décrypter les conversations, la justice peut exiger d'accéder à ces informations. Au Canada, en 2021, ça ne m'inquiète pas mais si je vivais en Tchétchénie, en Iran ou aux États-Unis, ça me ferait carrément flipper que mes conversations privées puissent être récupérées par le régime.

Suite à cette réaction massive, WhatsApp a reporté la date limite d'acceptation des nouvelles conditions. Initialement prévue le 8 février, elle est à présent planifiée pour le 15 mai. Selon eux, il s'agirait d'un malentendu, provoqué par une mauvaise interprétation d'un passage concernant un transfert de données entre Facebook et WhatsApp.

Pour y voir plus clair, j'ai pris le temps de lire ces fameuses conditions d'utilisation et la politique de confidentialité.

Voici ce que j'ai compris

Bonne nouvelle

👍 Le chiffrement de bout en bout (pour rappel : ceci empêche qui que ce soit de lire le contenu de nos conversations) reste garantit pour les conversations entre personnes.

Mauvaises nouvelles

👎 WhatsApp a le droit d'utiliser et de partager avec ses partenaires toutes les données concernant leurs utilisateurs et utilisatrices dont ils disposent. Ceci comprend: localisation, numéro de téléphone, habitudes de communications (avec qui, quand, pendant combien de temps, etc.), nom et photo des groupes, informations sur votre matériel (téléphone, ordi, tablette, etc.).

A l'échelle d'une personne, ça peut sembler insignifiant. Par contre, là où ça devient problématique, voire dangereux, c'est à l'échelle d'un groupe de personnes, de la population d'un pays ou des deux milliards d'utilisateurs de WhatsApp. Grâce à ces données, il est en effet possible de lier différents groupes de personnes, de savoir où et quand elles se voient, quels sont leurs intérêts communs. Il est possible, par exemple, de suivre les habitudes de consommation, la fréquentation des lieux de culte, ou encore d'identifier un groupe d'activistes écologiques ou de dissidents politiques. On comprendra aisément le risque pour que cela entraine pour la démocratie. Ils ne lisent pas vos conversations, certes, mais ce n'est pas grave : ils ont déjà suffisamment de données.

👎 Au Canada et aux États-Unis, les utilisateurs et utilisatrices de WhatsApp renoncent à leur droit de se défendre en justice, en cas de litige avec ce dernier. Seule une procédure d'arbitrage est possible.

Pas le droit de se défendre en justice. Pas besoin de vous faire un dessin, ça craint!

Aucune de ces mauvaises nouvelles n'est neuve. Je n'avais juste jamais pris la peine de lire les conditions d'utilisations de ce service. Même si la confidentialité de mes conversations n'est pas (encore) remise en question, je me suis senti vulnérable en lisant ces documents. Je me sens à la merci d'une entreprise face à laquelle je suis impuissant. Au final, je ne paie pas pour ce service, cela veut donc dire que quelqu'un paie pour moi. Et ce quelqu'un a des exigences qui ne sont pas en phase avec mes principes.

À la lumière de ces informations, j'ai donc décidé de quitter WhatsApp, ce 1er février et d'utiliser uniquement Signal comme medium de communication instantanée.